https://www.cairn.info/revue-etudes-2002-2-page-219.htm
Le délire, c’est le rêve des personnes qui veillent », telle était la définition que proposait l’âge classique de la folie [2]M. Foucault, Histoire de la Folie à l’âge classique, Gallimard,…. Don Quichotte, à la façon de ces personnages que décrit Spinoza dans le scolie 2 du livre III de l’Ethique — les bêtes, les somnambules, le nourrisson, l’ivrogne, le délirant, la bavarde —, va, lui aussi, remettre en question pareille approche, claire et tranchée, de la folie, du rêve et de la veille. Comme Spinoza dans ses scolies qui échappent de partout à l’ordre géométrique de l’Ethique, Cervantes remet violemment en question les frontières instituées.
Don Quichotte, à lire ou à relire…
N’étant ni philosophe ni moraliste, encore moins théologien, médecin ou même redresseur de torts comme don Quichotte, Cervantes ne cherche jamais à guérir celui-ci de sa folie, ni à la dissimuler. Au contraire, il la soutient, la défend, la protège. Et, bien que son chevalier eût frisé la cinquantaine, cet âge où la plupart des mortels, devenus casaniers et frileux, commencent à ne plus avoir trop envie de bouger, Cervantes accorde à son personnage l’audace de quitter sa gouvernante, sa nièce, le barbier et le curé de son village, afin de poursuivre ses rêves, de partir à la recherche de l’aventure et d’une gloire éternelle, semblable à celle de ses héros, Palmerin d’Angleterre ou Amadis de Gaule.
https://www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2012-1-page-75.htm